Un achat de seconde main [pv Sanada Ono]

Sa bouche s'ouvre dans un bâillement incontrôlable, une main vient cacher l'intérieur de sa gorge alors qu'il en a les larmes yeux. Cette journée s'annonçait déjà fatigante, il faisait chaud malgré une clim fonctionnelle, mais son organisme aurait bien apprécier quelque degrés en moins. Sa collègue Fennec, de ce qu'il a pu voir d'elle ce matin, porte un pull chaud, montrant qu'elle aurait préféré qu'on laisse la chaleur dévaster la pièce, alors Ai se retient de se plaindre. Il regarde la fiche de tâche qu'il doit faire, et fronce les sourcils quand il voit un nouveau nom, un de ceux qui ne sonne pas vraiment français. Il se souvenait vaguement qu'un autre congénère, un raton laveur, s'était amusé à faire un tour au marché noir le jour précédent pour repérer quelques pépites pour le magasin. Ce n'était pas sa première expédition et il ramenait des esclaves d'une bonne qualité pour des prix dérisoires, sachant où viser pour inventer quelques maladies imaginaires ou de futurs problèmes mentaux à l'humain.

Dans un soupir, il s'approche de la cage et observe ce nouvel achat, s'attendant à un japonais typique, un homme de petite taille et aux cheveux noirs, mais il est face à un humain d'une taille moyenne en France et à la couleur de paille. Un joli visage qui donne une petite maturité, mais, au vu de la fiche, il est plus jeune que lui, et la longueur de ses cheveux, qui lui atteignent les épaules, lui donne un petit air de surfeur du dimanche. Un teint trop pâle pour avoir fait beaucoup d'exercices extérieurs et Ai le prend tout de suite en grippe. Il donne l'air d'être un de ses humains chouchoutés à l'excès grâce à une frimousse plutôt appréciable et il ne serait pas étonné que le type se retrouve à être pourri gâté. Pourquoi est-ce toujours à lui de s'occuper de ce type d'humain précisément ? C'est le troisième dont il a la charge ce mois-ci...

Il laisse un maigre grognement se faire entendre alors qu'il relit rapidement la fiche de l'esclave. N'étant pas encore mis en vente, il est posté à l'arrière, dans l'attendre de déterminer son caractère et voir s'il ne faut pas une éducation bonus. La cage comporte ainsi de solides barreaux et elle n'est pas très grande ; De quoi faire quelque pas, guère plus. Il n'y a pas besoin de plus, de toute façon, pour une vermine. Le grand loup prend le temps d'analyser l'humain avant d'ouvrir la cage et d'envahir son espace. Il prend soin de refermer, n'étant nullement intimidé par l'esclave, sachant qu'il pourra le gérer s'il venait à poser problème ; il n'est pas bien musclé et son corps maigrichon ne pourra pas faire le poids face à ses exercices quotidiens. La pièce donne ainsi l'impression d'être encore plus petite.

- Alors, Blondine, on vient du marché noir, il paraît ? Qu'est-ce que tu as fait pour que te retrouver là-bas, mh ?

Cette question, qu'il pose d'un ton presque mesquin, le taraude depuis qu'il l'a vu. Si un japonais aux cheveux blonds offre un intérêt non négligeable, il ne lui donne pas l'impression d'être "hors-du-commun" ; Il pourrait passer pour un américain ou un britannique. Ou alors, il le trouve trop humain pour trouver un certain intérêt... Cela lui arrive très souvent, quand il doit évaluer un esclave, il n'arrive pas toujours à trouver une qualité vendable alors que le spécimen pourrait être élu vente du mois...

Cela dit, pour un humain du marché noir, il aurait attendu un peu plus de spectaculaire. Des cicatrices, des brûlures, peut-être même un membre en moins, un visage repoussant, des pustules, qui sait ? Le marché noir n'est-il pas sensé ce qu'un magasin standard n'aurait même pas tenté ? Parfois, il arrive qu'ils aient trouvé un humain particulièrement exotique et éblouissant, mais, la plupart du temps, ce type d'individu passe d'abord par des acheteurs très riches et prêt à débourser davantage pour acquérir l'exclusivité... Son maître avait peut-être vu en lui un potentiel pour ramasser davantage d'argents en le passant dans un circuit plutôt fermé... Peut-être...